Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/96

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— Il n’y en a pas, mon oncle, observa Juhel.

— Qu’est-ce que cela fait !… Est-ce une raison pour rester en panne dans ce trou ?…

— Tiens, mon ami, dit le gabarier, voici un caillou que j’ai ramassé à ton intention… Le tien doit être usé depuis que tu le mâchonnes ! »

Et Gildas Trégomain remit à maître Antifer un joli gravier de la Medjerda, gros comme un pois vert, et qui ne tarda pas à grincer entre les dents du Malouin.

Le gabarier lui proposa alors de les accompagner, seulement jusqu’à la grande place. Il refusa net, et, tirant de sa valise l’atlas, il l’ouvrit à la carte d’Afrique, et se plongea dans les eaux du golfe de Guinée, au risque d’y noyer sa raison.

Gildas Trégomain et Juhel allèrent faire les cent pas sur la place Thagaste, — vaste quadrilatère, planté de quelques arbres, bordé d’habitations d’aspect très oriental, de cafés déjà ouverts malgré l’heure matinale, et où affluaient les indigènes. Sous les premiers rayons du soleil, les brumes s’étaient dissipées. Une belle journée, chaude et lumineuse, s’annonçait.