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le numéro 9672.

Elles ne manquèrent pas, ces lettres, toujours si impatiemment attendues. Elles apportèrent un peu de bonheur à la maison attristée depuis le départ. Le voyage s’accomplissait dans des conditions favorables. La pêche était fructueuse, les profits seraient grands. Et puis, à la fin de chaque lettre, Ole parlait toujours d’un certain secret et de la fortune qu’il devait lui assurer. Voilà un secret que Hulda aurait bien voulu connaître, et aussi dame Hansen pour des raisons qu’il eût été difficile de soupçonner.

C’est que dame Hansen était de plus en plus sombre, inquiète, renfermée. Et une circonstance, dont elle ne parla point à ses enfants, vint encore accroître ses soucis.

Trois jours après l’arrivée de la dernière lettre de Ole, le 19 avril, dame Hansen revenait seule de la scierie où elle était allée commander un sac de copeaux au contremaître Lengling, et se dirigeait vers la maison. Un peu avant d’arriver devant la porte, elle fut accostée par un homme qui n’était pas du pays.

« Vous êtes bien dame Hansen ? demanda cet homme.

– Oui, répondit-elle, mais je ne vous connais pas.

– Oh ! peu importe ! reprit l’homme. Je suis arrivé ce matin de Drammen et j’y retourne.

– De Drammen ? dit vivement dame Hansen.

– Est-ce que vous ne connaissez pas un certain monsieur Sandgoïst, qui y demeure ?…

– Monsieur Sandgoïst ! répéta dame Hansen, dont la figure pâlit à ce nom. Oui… je le connais !

– Eh bien, quand monsieur Sandgoïst a su que je venais à Dal, il m’a prié de vous donner le bonjour de sa part.

– Et… rien de plus ?…

– Rien, si ce n’est de vous dire qu’il viendrait probablement vous voir le mois prochain ! – Bonne santé et bonsoir, dame Hansen ! »