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un billet de loterie.

V

Hulda, en effet, était très frappée de cette persistance de Ole à toujours lui parler dans ses lettres de cette fortune qu’il comptait trouver à son retour. Sur quoi le brave garçon fondait-il cette espérance ? Hulda ne pouvait le deviner, et il lui tardait de le savoir. Qu’on excuse cette impatience si naturelle. Était-ce donc une vaine curiosité de sa part ? Point. Ce secret la regardait bien un peu. Non qu’elle fût ambitieuse, l’honnête et simple fille, ni que ses visées d’avenir se fussent jamais haussées à ce qu’on appelle la richesse. L’affection de Ole lui suffisait, elle devait lui suffire toujours. Si la fortune venait, on l’accueillerait sans grande joie. Si elle ne venait pas, on s’en passerait sans grand déplaisir.

C’est précisément ce que se disaient Hulda et Joël, le lendemain du jour où la dernière lettre de Ole était arrivée à Dal. Là-dessus ils pensaient de la même façon – comme sur tout le reste, d’ailleurs.

Et alors Joël d’ajouter :

« Non ! Cela n’est pas possible, petite sœur ! Il faut que tu me caches quelque chose !

– Moi !… te cacher ?…

– Oui ! Que Ole soit parti sans te dire au moins un peu de son secret… ce n’est pas croyable !

– T’en a-t-il dit un mot, Joël ? répondit Hulda.

– Non, sœur. Mais moi, je ne suis pas toi.

– Si, tu es moi, frère.

– Je ne suis pas le fiancé de Ole.

– Presque, dit la jeune fille, et, si quelque malheur l’atteignait, s’il ne revenait pas de ce voyage, tu serais frappé comme moi, et tes larmes couleraient comme les miennes !