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le numéro 9672.

s’il le faut, je pousserai jusqu’à Drammen. Là, il ne doit pas être difficile d’apprendre au moins ce que fait cet homme, à quel genre d’affaires il se livre, ce qu’on en pense…

– Rien de bon, j’en suis sûre, répondit Hulda. Sa figure est mauvaise, son regard méchant. Je serais bien surprise s’il y avait une âme généreuse sous cette grossière enveloppe !

– Allons, reprit Joël, ne jugeons point les gens sur l’apparence ! Je parie que tu lui trouverais une agréable mine, à ce Sandgoïst, si tu le regardais, étant au bras de Ole…

– Mon pauvre Ole ! murmura la jeune fille.

– Il reviendra, il revient, il est en route ! s’écria Joël. Aie confiance, Hulda ! Ole n’est plus loin maintenant, et nous le gronderons au retour pour s’être fait attendre ! »

La pluie avait cessé. Tous deux sortirent de la hutte et remontèrent le sentier afin de regagner l’auberge.

« À propos, dit alors Joël, je repars demain.

– Tu repars ?…

– Oui, dès le matin.

– Déjà, frère ?

– Il le faut, Hulda. En quittant le Hardanger, j’ai été prévenu par un de mes camarades qu’un voyageur venait du nord par les hauts plateaux du Rjukanfos où il doit arriver demain.

– Quel est ce voyageur ?

– Ma foi, je ne sais même plus son nom. Mais il est nécessaire que je sois là pour le ramener à Dal.

– Pars donc, puisque tu ne peux t’en dispenser ! répondit Hulda avec un gros soupir.

– Demain, au lever du jour, je me mettrai en route. Cela te chagrine, Hulda ?

– Oui, frère ! Je suis bien plus inquiète quand tu me laisses… même pour quelques heures !

– Eh bien, cette fois, sache que je ne pars pas seul !