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un billet de loterie.

– Et qui donc t’accompagne ?

– Toi, petite sœur, toi ! Il faut te distraire, et je t’emmène !

– Ah ! merci, mon Joël ! »



VIII

Le lendemain, tous deux quittèrent l’auberge dès l’aube. Une quinzaine de kilomètres de Dal aux célèbres chutes, autant pour en revenir, ce n’eût été qu’une promenade pour Joël, mais il fallait ménager les forces de Hulda. Joël s’était donc assuré de la kariol du contremaître Lengling, et, comme toutes les kariols, celle-ci n’avait qu’une place. Il est vrai, ce brave homme était si gros qu’il avait fallu fabriquer une caisse à sa convenance. Or, c’était suffisant pour que Hulda et Joël pussent y tenir l’un près de l’autre. Donc, si le voyageur annoncé se trouvait au Rjukanfos, il prendrait la place de Joël, et celui-ci reviendrait à pied ou monterait sur la planchette derrière la caisse.

Route charmante, de Dal aux chutes, quoique prodigue de cahots. Incontestablement, c’est plutôt un sentier qu’une route. Des poutres à peine équarries, jetées sur les rios tributaires du Maan, le traversent en formant des ponceaux à quelques centaines de pas les uns des autres. Mais le cheval norvégien est habitué à les franchir d’un pied sûr, et, si la kariol n’a point de ressorts, ses longs brancards, un peu élastiques, atténuent, dans une certaine mesure, les heurts du sol.

Le temps était beau. Joël et Hulda allaient d’un bon pas le long des verdoyantes prairies, baignées à leur lisière de gauche par les eaux claires du Maan. Quelques milliers de bouleaux ombrageaient çà et là le chemin gaiement ensoleillé. La buée de la nuit se fondait en gouttelettes à la pointe des longues herbes. Sur la droite du torrent, à deux mille mètres d’altitude, les plaques