Page:Verreau - Quelques notes sur Antoine de Lamothe de Cadillac, c1885.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12

Il promettait de leur fournir des marchandises pour la valeur de 7,000 livres, les profits devant être partagés par les trois associés. Ceux-ci eurent garde de refuser une proposition aussi avantageuse. Le marché conclu, les marchandises furent livrées. Mais, au bout d’un mois, Lamothe emprisonna ses hommes et fit enlever toutes les marchandises, celles qu’il venait de fournir, comme celles que Sauton avait apportées de Montréal, à l’exception de quelques objets de peu de valeur.

Que Lamothe ait été poussé à cet acte par les calculs d’une politique peu scrupuleuse, par l’inconstance de son caractère, ou par des sentiments de jalousie, comme on l’en accusa, peu importe ; l’acte était arbitraire ; il méritait d’être condamné et il le fut ; mais il en coûta de longues démarches aux pauvres victimes, et au gouverneur de Michilimakinac, un certain déploiement d’habileté.

Il serait intéressant pour l’histoire de notre ancien droit

    gens au mois de mars dernier (1711), on y parla des justices patibulaires qu’on avait exercées en ce pays. Les uns disaient avoir vu pendre ou rouer, les autres avoir vu infliger d’autres châtiments. Je dis que quoique je fusse plus vieux qu’eux, je n’en avais pas tant vu. J’ai seulement vu pendre deux hommes sur le cheval de bois, avec des cravates de volailles autour du cou. C’étaient Sabourin et le Gros Jean, à ce que dirent les personnes assemblées pour voir l’exécution. Depuis, je ne les ai connus que de vue, sans avoir aucun différend avec eux. » Il paraît que l’un des deux suppliciés était le beau-frère du demandeur. En conséquence, le juge, après avoir défendu à Durand, sous peine d’amende, « de nommer en compagnie les personnes qui ont été châtiées en justice » le condamna aux frais du procès, « liquidés à 48 sols de France, faisant 3 livres 4 sols du pays, » et, ajoutait-il, « sur ce que le demandeur nous a dit que Dehorné lui avait pris 7 livres pour avoir fait la requête et donné les deux assignations, avons ordonné que le dit Dehorné sera tenu de restituer au dit demandeur 3 livres 16 sols. »