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accusations furent bientôt portées au Conseil Supérieur. Le procès qui s’en suivit est intéressant à plus d’un titre ; j’en ferai connaître les principales phases.

Michilimakinac était un centre où venaient se rencontrer les nations supérieures et les traitants français : il s’y faisait depuis longtemps un commerce considérable. Lamothe ne voulut pas négliger une aussi bonne occasion de travailler un peu à sa fortune. Mais il fallait pour cela compter avec les marchands voyageurs et les intéresser à l’entreprise.

Ce moyen, employé alors au fond des bois, est devenu d’un certain usage, dit-on, au milieu de personnes d’ailleurs civilisées.

Parmi les traitants qui se rendirent à Michilimakinac au commencement de l’été de 1696, se trouvait un montréalais, Sauton, qui avait pu, grâce au concours de ses amis, apporter dans son canot des marchandises pour une valeur de 1539 livres. Ce n’était pas beaucoup ; mais les profits paraissaient si considérables qu’il pouvait espérer de doubler et même de tripler cette somme. Lamothe l’accueillit bien, et au bout de quelques jours, il le pressa de former une société avec deux jeunes voyageurs qu’il avait à son service, Louis Durand et Joseph Moreau[1].

  1. Moreau avait 24 ans. Il paraît s’être fixé à Batiscan. (Archives du Cons. Sup.)

    Louis Durand était né le 13 décembre 1670 à Sillery, d’une mère baronne. (Registres de Sillery.) Il demeura quelque temps à Québec après son mariage ; mais le Dictionnaire Généalogique semble le perdre de vue après 1702. Durand alla s’établir dans la seigneurie de Tilly, probablement à St-Antoine. Je vois qu’il eut quelques procès à soutenir, un, entre autres, pour diffamation. On me permettra de citer la défense de Durand, parce qu’elle peint les mœurs, et fait connaître quelques-unes des peines criminelles de l’époque : « Étant en compagnie de jeunes