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plus grands ministres que l’empire mongol ait vus à sa tête. Tous ses parents de Tartarie accoururent dans l’Inde et reçurent des emplois. Ils surent se faire aimer, et de toute sa famille il n’y eut qu’elle-même que le peuple finit par détester.

Peu après que son frère eut succédé à leur père dans la charge de grand-vizir, l’empereur ordonna par un édit qu’on la distinguât de ses autres femmes par le titre de Schaha (impératrice), qu’elle parût dans les cérémonies à côté de lui-même, que son effigie et son nom fussent placés sur la monnaie, que ses parents prissent rang après les princes de la famille impériale. En même temps il changea son nom de Nour-Mahal (lumière du harem) pour celui de Nour-Djihan (lumière du monde). Ce fut vers 1616 qu’elle reçut, pour le malheur du peuple, ce surcroît d’honneurs ; car, dès lors, enivrée d’orgueil, elle devint tyrannique et se fit haïr. C’est ce que veulent dire, dans le poème de Leconte de Lisle, ces deux vers, inintelligibles, on en conviendra, pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Nour-Mahal :


Ne sois pas Nurdjéham, la lumière du monde !
Sois toujours Nurmahal, l’étoile du palais !


Djihan-Guîr mourut en 1627 à cinquante huit ans, après un règne de vingt-deux ans. Nour-Mahal favorisait un des fils de l’empereur défunt. Mais ce fut un autre fils, Khorroum, qui l’emporta, grâce à l’appui du grand-vizir, frère de Nour-Mahal. Celle-ci, trop fière pour vouloir reparaître à la cour sans crédit après avoir gouverné l’em-