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pire, se retira dans son palais de Lahore et se livra à l’étude. Elle mourut en 1645, dix-huit ans après son mari.

À deux milles au nord de Lahore se voit un superbe mausolée : il contient les restes de l’empereur Djihan-Guîr, fils d’Akbar. Auprès de lui repose, dans un autre monument, le grand-vizir Chaja-Ayas, père de Nour-Mahal. Un peu plus loin s’élève un troisième mausolée, sans inscription : c’est celui de la favorite.

Les aventures de Nurmahal avaient paru si extraordinaires à l’auteur de l’Histoire générale de l’Inde ancienne et moderne, M. de Marlès[1], qu’il y consacra tout un appendice. C’est d’après cet appendice que je viens de les raconter, et c’est de là que Leconte de Lisle a tiré son poème de Nurmahal.

Voici comment il raconte à son tour le mariage de la favorite de Djihan-Guîr.


Djihan-Guîr, fils d’Akbar, est assis sur la tour qui regarde Lahore. Deux Umrahs sont debout derrière lui ; chacun d’eux, immobile en ses habits flottants, tient un sabre d’acier mat au pommeau constellé de rubis. Le soleil se couche, et le souffle du soir, chargé d’odeurs suaves, soulève jusqu’à l’empereur l’âme errante des fleurs. Il contemple en silence la terre des Aryas conquise par ses aïeux et sa ville impériale. Aux carrefours, où son œil s’égare, roule un tourbillon léger de cavaliers mahrattes, passent


  1. Paris, 1828, 6 vol. ; l’appendice où est racontée l’histoire de Nour-Mahal est au t. VI, p. 177-189.