Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Amon avait été à l’origine un dieu fort modeste. C’était simplement le dieu de Karnak, la personnification et le protecteur du sol. Identifié avec Ra, le soleil, il devint plus important sous le nom d’Amon-Ra. La fortune des rois de Thèbes fit ensuite la sienne. Il détrôna les dieux des autres villes à mesure que les maîtres de Kamak étendirent sur elles leur pouvoir. Il finit par être le dieu suprême de toute l’Égypte, comme les rois issus de lui, les Ramessides, en étaient les souverains.

Longtemps solitaire, Amon s’associa plus tard une déesse-mère, mais qui n’eut jamais de personnalité, ni même de nom : on l’appelait simplement Mout, la mère. Ils eurent un fils, qui fut d’abord Amon lui-même, en ce sens, dit Rougé, qu’Amon « se procréait et s’engendrait lui-même[1] » dans le sein de Mout : « Amon était donc père ou fils, suivant la face sous laquelle on le considérait. »

Le fils finit, cependant, par se distinguer du père et on l’identifia avec Montou, qui avait été jadis un dieu plus puissant qu’Amon. Puis, Montou fut remplacé dans la dignité de dieu-fils, par un dieu jusque là très secondaire, qu’on alla chercher parmi les génies qui veillaient sur les étoiles, Khonsou, le navigateur, identifié quelquefois avec la lune, et ce Khonsou devint alors assez vite un personnage fort puissant, fort populaire surtout, la providence de la Thébaïde, le conseiller du pays, celui qui chassait les mauvais esprits et guérissait les maladies[2].


  1. Leconte de Lisle applique à Khons ce que Rougé dit d’Amon.
  2. Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. II, p. 552.