Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/124

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Louvre possède la statue colossale[1], et non pas Khons. Celui-ci n’avait pas les mains étendues sur les genoux : la droite s’appuyait sur le bras du siège, la gauche était soulevée à mi-hauteur entre le genou et le menton ; et il était bien coiffé de la double bandelette, mais elle était surmontée d’un large croissant que surmontait un énorme disque. C’est ainsi, du moins, que nous le représente une statue de bronze appartenant au musée de Gizeth[2]. Mais quand Leconte de Lisle composait son poème, Khons n’avait pas encore été exhumé de la couche de sable où il gisait depuis des milliers d’années.

L’ayant ainsi installé, comme l’avait fait l’auteur de la stèle, dans une barque portée par dix prêtres, mais lui ayant donné à tort l’attitude d’un roi du premier empire thébain, où Leconte de Lisle envoie-t-il le fils d’Amon ? Khons, « tranquille et parfait », ne s’en va pas chez son double, Khons, conseiller de Thèbes, dieu puissant qui chasse les rebelles, pour revêtir celui-ci de sa vertu divine et l’expédier ensuite chez une princesse malade : le poète français, simplifiant, et il a bien fait, la théogonie, d’ailleurs si variable, des Thébains, n’admet plus qu’un seul et unique Khons. Khons, « tranquille et parfait », s’en va directement chez la malade. Mais cette malade n’est plus une princesse asiatique, et voici la mélancolique histoire qui nous est contée.

Le divin Guérisseur s’en va dans la vaste demeure de


  1. Reproduction dans Maspéro, Hist. anc., t. II, p. 528.
  2. Reproduction dans Maspéro, Hist. anc., t. II, p. 552.