Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/125

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Ramsès, ou, sur son lit virginal, enveloppée de fines bandelettes, se meurt Néférou-Ra, la Beauté du Soleil[1]. Hier, elle courait parmi les roses,


La joue et le front purs polis comme un bel or[2],


et souriait, son cœur étant encore paisible, de voir les ibis roses voler dans le ciel bleu. Aujourd’hui, un rêve mystérieux consume sa vie. Et depuis que Néférou-Ra, palmier frêle, a ployé sous un souffle ennemi, la terre de Khêmi est plongée dans la tristesse. Mais le dieu la guérira sans doute. Il approche : des cris d’allégresse s’élèvent. Le cortège monte les escaliers : la foule se prosterne. Néférou-Ra, ouvrant ses grands yeux pleins de crainte et d’amour, tressaille, sourit, s’incline, s’endort. Que fait-elle ? Hélas ! Khons a guéri la beauté du Soleil, il l’a guérie en la rendant à la vie immortelle. Que Ramsès ne gémisse pas : ce jeune cœur était blessé sans remède,


Et la mort, déliant ses ailes de colombe,
L’embaumera d’oubli dans le monde divin !


En imaginant cette histoire touchante, qu’il pouvait inventer sans aucune invraisemblance, — car ce n’est pas une hypothèse bien extraordinaire que de supposer qu’un Ramsès a perdu sa fille, — qu’a fait Leconte de Lisle ?


  1. La fille supposée de Ramsès est donc nommée d’après la femme épousée par le roi dans le récit de la stèle.
  2. En Égypte les hommes se peignaient le visage en rouge, les femmes en jaune, et elles se comparaient à l’or. La reine Hatshopsitou, de la XVIIIe dynastie, déclare quelque part qu’elle est « comme une pluie d’or ». Voir Maspéro, Histoire ancienne…, t. II, p. 252.