Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/135

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si je puis m’en emparer. Je ne crois pas qu’il brûle, le feu qui brille autour du visage des morts.

Angantyr.

Intrépide Hervor, tu te laisserais, dans ton égarement, saisir par les flammes ! J’aime mieux te donner l’épée ; mais tu ne pourras t’en servir.

Hervor.

Tu fais bien, descendant des héros, de me donner ce glaive. À présent, je suis plus joyeuse que si je possédais toute la Norvège…


Le dialogue se poursuit encore : Angantyr renouvelle sa lugubre prophétie ; Hervor exprime son dédain pour ce qui se fera après elle ; mais, depuis qu’elle a conquis l’épée, l’intérêt s’est bien affaibli.

Il n’a jamais été très vif pour nous ; car trop de détails nous échappent, il est fait trop d’allusions à des événements obscurs, nous ne connaissons pas assez l’histoire des personnages pour être touchés des arguments qu’ils échangent.

Leconte de Lisle s’en est bien rendu compte. Aussi, tout en conservant le cadre, si dramatique, du vieux poème, en a-t-il très heureusement modifié le sens.

Il suppose qu’Angantyr est mort sans vengeance. C’est pour châtier les meurtriers de son père que Hervor réclame l’épée forgée par les nains. Qui vengera, si elle ne le fait pas, l’honneur de la famille, puisque les enfants d’Angantyr. hormis elle, roulent tous, nus et sanglants, dans l’onde où les poissons déchirent leur blanche chair ? En vain Angantyr objecte-t-il, pour la forme, que le fer est pour les hommes,