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CHAPITRE IV


Poèmes finnois


LES LARMES DE L’OURS[1]


Le Kalewala est pour les Finnois ce que l’Edda est pour les Scandinaves : il est à la fois leur Théogonie et leur Iliade. C’est une longue suite de chants que l’on a commencé à recueillir assez tard. La première édition, qui n’avait que trente-deux chants ou runas, fut donnée par Elias Lönnrot en 1835. Jusqu’à cette publication, le poème n’existait qu’à l’état de fragments, et la plupart de ces fragments n’étaient même pas écrits. Lönnrot les recueillit de la bouche des poètes populaires ou runoias chargés de les conserver et de les transmettre par la mémoire. L’œuvre de Lönnrot fut complétée par Castren, et aujourd’hui le Kalewala compte une cinquantaine de chants. À quelle date furent-ils composés ? Il est difficile de le déterminer. Mais on suppose que dans leurs parties essentielles quelques-uns remontent au XIe siècle de notre ère, et on peut affirmer que certaines des traditions qui en font la substance s’étaient formées à une époque très reculée.

Quand il composa les Larmes de l’Ours et le Runoïa, Leconte de Lisle ne pouvait connaître que les trente-deux

  1. Poèmes barbares, XIII.