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tout ce qu’il renferme de jaune soit l’éclat de la lune, que toutes les autres parties de l’œuf soient les étoiles. »

Voilà assurément un singulier tissu d’obscurités, et rien n’est étrange comme le spectacle de ce dieu admirant le ciel, chevauchant sur la terre, puis créant ce même ciel, cette même terre. D’autant que pour la formation du ciel d’autres runas lui donnent comme collaborateur son frère Ilmarinnen, qu’elles appellent le forgeron éternel : celui-ci aurait forgé le couvercle de l’air, où n’apparaissent ni les trous du marteau, ni les morsures de la tenaille.

Toutes ces légendes peuvent cependant être conciliées à la rigueur : il n’est que de changer l’ordre des faits, d’éliminer des interpolations évidentes, de ne pas trop entrer dans les détails. Et c’est ainsi que les choses s’arrangeront chez Leconte de Lisle : Wäinämöinen fera fabriquer d’abord le couvercle du monde par l’éternel forgeron Ilmarinnen ; il fera sortir ensuite les germes de l’œuf primitif ; puis il fera battre la mer, monter les caps, verdir les bouleaux et gronder les ours.

Il est inutile à l’intelligence des deux poèmes finnois de Leconte de Lisle que nous contions ici la vie mythologique de Wäinämöinen, ses expéditions dans les forêts ténébreuses, ses voyages sur mer, ses luttes contre les mauvais génies, les habitants de Pohja (ou Pohjola), et notamment contre la vieille magicienne Louhi, que le poète appelle, comme font les runas, la vieille de Pohjola. Le Kalewala est plein des épreuves et des exploits de Wäinämöinen. Il est plein aussi de ses bienfaits. Car c’est un dieu souverainement bon : guerriers, pêcheurs, chasseurs, tous