Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/192

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tomber la majesté de leurs vieilles forêts (c’est-à-dire qu’il leur annonce l’asservissement du peuple finnois, qui fut en effet contemporain de sa conversion).


Au dénouement, Leconte de Lisle se rapproche d’abord un peu de son modèle, mais pour s’en écarter bientôt une fois de plus.


L’enfant se mit à graver la rima sur la tablette avec le bout lumineux de son doigt, et partout où son doigt passait l’or fondait.

Et c’était une runa de sang. Elle ressemblait à une rose nouvellement épanouie, belle et pleine de parfums.

Mais alors, ô prodige ! on vit les autres runas ramper et marcher, comme effrayées par la nouvelle, et lutter entre elles.

Tantôt elles se joignaient, tantôt elles se dispersaient de côtés divers, et puis elles revenaient à la charge, et l’on entendait dans la salle un cliquetis terrible. Elles marchaient ainsi deux à deux autour de la tablette, et la première fit un pas en arrière, et toutes les autres tombèrent. Mais bientôt elles se réunirent l’une à l’autre, et elles ondulèrent comme des vagues, et elles se changèrent en écailles. Le serpent agitait ses anneaux et menaçait de sa gueule béante la runa de sang. Et ils tombèrent tous les deux sur le parquet de la salle, détachés de la tablette, et ils engagèrent le combat. Tous ceux qui vovaient cela frissonnaient, mais l’enfant riait.

La tablette devint noire, et lorsque le vieux roi, que la mort avait frappé pendant le combat, roula par terre, la tablette roula sur lui, avec un bruit sourd, comme une pierre de sépulcre, sur laquelle les traces des runas apparaissent encore. La runa de sang grandit, et le roi de l’Orient la mit sur sa poitrine, et lui et le serpent combattirent.

Alors tous les guerriers se levèrent, les uns pour le serpent,