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de son père. Elle l’appela et lui remit sa bague pour qu’il la portât à Vannes. L’oiseau comprit et obéit. Mais Triphyna, qui n’avait plus sa bague, ne fut pas avertie que son mari approchait, et il la rejoignit. Elle eut juste le temps de cacher son enfant dans son manteau. En voyant sa femme, Comorre poussa un cri de bête fauve, s’élança vers la malheureuse, et d’un seul coup de son couteau à tuer il lui détacha la tête des épaules. Puis, il siffla son chien et repartit pour la Cornouaille.

Cependant le roi de Vannes dînait avec saint Veltas quand le faucon, entrant dans la salle, laissa tomber la bague de Triphyna dans la coupe de son maître. Le roi et Veltas se mirent aussitôt en route avec une troupe nombreuse. Guidés par le faucon, ils arrivèrent dans une clairière où ils trouvèrent Triphyna morte et son fils vivant. Le saint se mit à genoux, pria, puis dit à la morte :

— Lève-toi, prends ta tête et ton enfant. — Elle obéit et on se remit en marche. La femme décapitée allait en avant, tenant son fils sur son bras droit et sa tête sur son bras gauche.

On arriva devant le château de Comorre. Sommé par Veltas de recevoir son fils, le comte garda le silence. Veltas prit l’enfant sur les bras de sa mère et le posa à terre. Celui-ci se mit à marcher, prit une poignée de sable et la jeta contre le château. Aussitôt les tours s’ébranlèrent, le château s’affaissa, ensevelissant sous ses ruines Comorre et ses complices. Alors saint Veltas remit sur ses épaules la tête de Triphyna.