Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/244

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main par ses lieutenants, continua ses conquêtes. Il poussa jusqu’à Tolède, qui se rendit : il s’empara de tous les trésors des rois goths et en particulier des vingt-cinq couronnes d’or qui avaient ceint l’une après l’autre les fronts royaux. (Leconte de Lisle, souvent inexact quand il donne un chiffre, réduira ces vingt-cinq couronnes à vingt.)

Cependant Mouça ben Nozéir débarqua avec 18 000 chevaux, prit Séville, puis Mérida, d’où il emmena comme otage la veuve de Roderic et rejoignit Thâriq à Tolède. Il reprocha à son lieutenant sa désobéissance, et, bien que celui-ci lui eût remis tout le butin, il lui enleva son commandement ; mais le khalyfe le lui fit rendre.

Et la conquête continua. Thâriq, Mouça et son fils Abdelaziz rivalisaient de bravoure et d’audace. En 714, les Arabes étaient maîtres de presque toute la péninsule. Mouça, montant en Catalogne, avait pris Tarragone, Barcelone, Port-Vendres, et avait même fait une incursion dans la Gaule narbonnaise, que les Arabes appelaient le pays d’Afranc. Mais les querelles ne s’apaisaient point entre le général et son premier lieutenant, jaloux l’un de l’autre et d’ailleurs fort différents de caractère : Thâriq abandonnait tout le butin aux soldats, Mouça gardait pour lui d’immenses richesses. Le khalyfe se décida à les rappeler tous les deux. Thâriq obéit immédiatement et alla rendre compte de sa mission. Mouça ne s’éloigna qu’à regret et lentement.

Quand il arriva en Syrie, le khalyfe Walid était gravement malade. Le frère du khalyfe, Suléïman, fit dire à Mouça de s’arrêter en chemin jusqu’à la mort du prince : il