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blanches ailes, Al-Borak, qui élargit la splendeur de sa queue au soleil. En un magique essor, la céleste cavale et son cavalier montent ; ils touchent aux confins suprêmes de l’azur,


Et Mouça disparaît dans la pourpre du soir.




LE SUAIRE DE MOHAMMED-AL-MANÇOUR[1]


Mouça-al-Kébyr avait planté sur une grande partie de l’Espagne l’étendard du Prophète., Mohammed-al-Mançour essaya de le faire flotter définitivement jusqu’aux Pyrénées, et il y réussit presque.

Le Couchant s’était séparé de l’Orient, et Cordoue, comme Damas, avait son khalyfe. Au grand souverain Alhakem II avait succédé en 976 Hischem II. Il n’avait que dix ans. Sa mère, Sobeïah, nomma Hadjeb ou premier ministre son secrétaire, Mohammed-Aben-by-Amer, qui, pour le compte d’un roi fainéant, gouverna d’une façon absolue l’empire pendant vingt-cinq ans.

Il tenta l’asservissement total de la péninsule. Sans entrer dans le détail de ses expéditions, qui lui valurent le glorieux surnom d’Al-Mançour (l’invincible), disons qu’il promena ses armes victorieuses dans les comtés de Castille, de Salamanque, de Zamora, d’Astorga, de Léon, qu’ « il triompha dans toutes les rencontres et emporta d’assaut toutes les places[2] ». Il prit Barcelone, et rejeta le comte Borel dans


  1. Poèmes tragiques, IV.
  2. Viardot, Essai sur les Arabes d’Espagne, Paris, 1833, 2 vol.