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les montagnes. S’étant emparé de Santyago, il para les monuments de Cordoue des dépouilles de Saint Jacques, et les cloches de Compostelle, suspendues à la renverse dans la grande mosquée, servirent de lampes pour les prières du soir. Il ne faisait campagne, suivant la coutume arabe, que pendant la belle saison : à l’approche de l’hiver, il rentrait à Cordoue, et après son départ les armées chrétiennes se reformaient ; mais bientôt Al-Mançour les battait de nouveau. En 997, il était maître de toutes les possessions des rois chrétiens jusqu’à l’Ebre, ayant livré sous les murs de Léon une sanglante bataille aux troupes réunies de Bermudo, roi de Léon, et de Garcia Fernandez, comte de Castille. La même année, son fils Abdelmélik fit rentrer sous l’autorité du khalyfe le nord de l’Afrique, où les Berbères toujours rebelles avaient une fois de plus secoué le joug. Jamais la puissance des Omyades d’Espagne n’avait connu des jours si prospères.

Resserrés dans les montagnes des Asturies, berceau de leur indépendance, les chrétiens, en 1001 ou 1002, tentèrent un suprême effort. Les Castillans et les Navarrais, réunis à ceux des Asturies, de la Galice et de Léon, descendirent à la rencontre d’Al-Mançour. La bataille eut lieu, non loin de Médina Cœli, à Quala’t-Al-Nosour, le fort des aigles[1].

Elle dura depuis le matin jusqu’à la nuit sans que la victoire se prononçât. La cavalerie africaine enfonça plu-


  1. Marlès donne la forme Calatañazor. La forme Quala’t-Al-Nosour, adoptée par Leconte de Lisle, est "donnée par Viardot.