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ce monstre en pleine poitrine avec sa flèche au fer étincelant et façonné en demi-lune. Mortellement frappée par ce dard, pareil au tonnerre, la furie vomit un fleuve de sang, tombe et meurt[1].

Le rejeton vaillant de Raghou choisit dans son carquois le dard nommé la Flèche-du-Feu ; il envoya ce trait céleste dans la poitrine de Soubâhou, et le rakshasa frappé tomba mort sur la terre. Puis, s’armant avec la Flèche-du-Vent et mettant le comble à la joie des solitaires, le descendant illustre de Raghou immola de même tous les autres démons[2].


Viçvâmitra conduisit le vainqueur des démons chez le roi de Mithila pour lui faire voir l’arc divin. C’était l’arc de Civa, l’un des dieux de la trinité brahmanique, le dieu terrible qui personnifie la nature considérée dans sa puissance de destruction. Avec cet arc invincible, Civa avait mutilé un jour tous les dieux, parce qu’ils lui avaient refusé sa part de sacrifice. Tremblant d’épouvante, les dieux avaient imploré leur grâce, et Civa leur avait rendu leurs membres. Depuis, l’arc avait passé aux rois de Mithila qui le conservaient précieusement.

Le roi avait une fille, belle comme les déesses et douée de toutes les vertus. Elle n’avait point reçu la vie dans les entrailles d’une femme, mais elle était née un jour d’un sillon que le roi avait ouvert dans la terre. Elle s’appelait Sita. Elle était réservée comme récompense à celui qui soulèverait l’arc divin.

Huit cents hommes d’une grande vigueur allèrent le

  1. Ramayana, trad. Fauche, t. I, p. 184.
  2. Id., p. 202. Les mots soulignés le sont par le traducteur.