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CHAPITRE IX


Poèmes grecs et latins


L’APOLLONIDE[1]


Si j’aborde l’étude des poèmes grecs de Leconte de Lisle par celle de son Apollonide, c’est qu’il y a donné les raisons de cette admiration jamais lassée pour le génie hellénique qui, jusqu’à la fin de sa carrière, le ramena si souvent à l’école de la Grèce.

L’Apollonide est imité de l’lon d’Euripide, poète à qui l’on ne s’attendait guère que Leconte de Lisle empruntât un sujet. Euripide avait sans doute un titre à sa sympathie, celui d’avoir été un contempteur des dieux ; mais les dieux contre qui Euripide exerça sa verve malicieuse sont les seuls dieux qui aient trouvé grâce aux yeux de Leconte de Lisle. Et quelles différences entre les deux génies ! Euripide est le plus pathétique des poètes anciens, et Leconte de Lisle a horreur de la passion qui s’étale. Euripide se moque de la composition, faisant lui-même à l’occasion la critique de ses pièces, et Leconte de Lisle ne prend rien plus au sérieux que son art. Euripide met souvent sa personne en scène dans un genre qui prescrit pourtant au poète de s’effacer derrière ses héros, le genre dramatique,


  1. Derniers Poèmes, XXIII.