Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/318

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L’attitude d’Ion envers l’homme qui le revendique pour fils n’a rien qui doive surprendre : s’il n’entend pas la voix du sang, c’est qu’en effet le sang de Xuthus ne coule pas dans ses veines, et quand l’hypothèse du roi d’Athènes finit par lui paraître vraisemblable, il a ressenti trop profondément jusqu’ici le chagrin d’avoir été abandonné, pour pouvoir se montrer bien empressé envers celui qui se reconnaît l’auteur de cet abandon. Toute la sympathie d’Ion, comme il est naturel, — et cela prépare le dénouement, — va à sa mère, qui dans cette aventure a été victime plutôt que coupable et qu’il espère retrouver, maintenant qu’il connaît son père :


Ô ma mère chérie ! quand me sera-t-il donné de contempler tes traits ? Qui que tu sois, je désire maintenant, plus qu’auparavant, te voir. Mais peut-être es-tu morte, et nous ne pourrons arriver à rien.


Ion ne tardera pas, comme il le souhaite, à retrouver sa mère, mais ce ne sera pas sans qu’un effroyable malentendu ait failli amener une catastrophe.

Après avoir d’abord refusé de suivre son père présumé à Athènes, où il a peur d’être mal accueilli par un peuple qui ne veut pas d’un étranger pour roi, il se décide à s’y rendre en passant seulement pour l’hôte de son père, et il réunit ses compagnons de jeunesse dans un festin d’adieu. C’est alors que Créuse apprend la réponse de l’oracle : Xuthus a retrouvé un fils, qui n’est pas d’elle ; ainsi son mari aura des joies qui lui seront refusées, et, par un surcroît de malheur, le sceptre d’Érechtée va tomber aux mains