nestre a un cœur de fer, et son Agamemnon est comparé à un loup vorace. Ses héros sont atroces dans leurs guerres et dans leurs sacrifices. Quand ils pénètrent dans une ville conquise,
La lance au poing, la haine aux yeux, l’injure aux dents,
ils brûlent les maisons, ils égorgent les hommes, ils font hurler les mères d’horreur en jetant les berceaux du haut des
toits, en écrasant les enfants sur les pierres, en trempant
dans ce jeune sang leurs sandales guerrières. Pour remercier les dieux de leurs victoires, ils font
Ruisseler le sang noir de cent taureaux beuglants ;
pour acheter ces victoires, c’est aussi du sang qu’ils ont
fait couler, et le sang d’une jeune fille. Ce qu’ils décorent
du nom de justice, c’est la vengeance. Et combien féroces
sont leurs vengeances ! Avec quelle volupté Clytemnestre
ne se vànte-t-elle pas d’avoir frappé trois fois son mari
comme un bœuf mugissant et d’avoir vu trois fois le flot
tiède et rapide du sang jaillir sur sa robe, « ineffable rosée » !
Avec quelle rage ne commande-t-elle point de jeter les
corps de ses ennemis aux bêtes furieuses,
Aux aigles que l’odeur conduit des monts lointains,
Aux chiens accoutumés à de moins vils festins !
Et Oreste est le digne fils de sa mère : « La soif du sang me brûle », dit-il au moment d’agir, et dans ce mot il se peint tout entier. Oreste ajoute : « Et le destin m’entraîne ».