Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résonner les cordes sous mes doigts, tandis que le bouvier Daphnis nous charmera par les sons que modulera sa bouche sur les roseaux assemblés avec de la cire. Nous nous placerons près de cette grotte dont l’entrée est cachée par des broussailles, et nous tiendrons éveillé Pan aux pieds de chèvre[1].


Symphonie.


Ô chevrier ! Ce bois est cher aux Piérides.
Point de houx épineux ni de ronces arides ;
A travers l’hyacinthe et le souchet épais
Une source sacrée y germe et coule en paix.
Midi brûle là-bas où, sur les herbes grêles,
On voit au grand soleil bondir les sauterelles ;
Mais du hêtre au platane et du myrte au rosier,
Ici, le merle vole et siffle à plein gosier.
Au nom des Muses ! viens sous l’ombre fraîche et noire !
Voici ta double flûte et mon pektis d’ivoire.
Daphnis fera sonner sa voix claire, et tous trois,
Près du roc dont la mousse a verdi les parois,
D’où Naïs nous écoute, un doigt blanc sur la lèvre,
Empêchons de dormir Pan aux deux pieds de chèvre.


Deux pièces ont demandé à Leconte de Lisle un plus grand effort d’invention : les Bucoliastes[2], imités fort librement des Bucoliastes de Théocrite (Id. VIII), et Hylas[3] Je ne m’occuperai pas de la première et m’arrêterai un peu sur la seconde, dont le sujet a sans doute un vif intérêt, puisque quatre grands poètes l’avaient traité avant


  1. Traduction Léon Renier.
  2. Poèmes antiques, XXXII.
  3. Poèmes antiques, XX.