Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/337

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Leconte de Lisle, pour ne parler ni de Valerius Flaccus, ni de Ronsard, que cette légende a médiocrement inspirés.


Lorsque Jason, fils d’Éson, raconte Théocrite (Id. XIII), partit pour conquérir la Toison d’or et emmena avec lui l’élite des Hellènes, l’infatigable Hercule se joignit aux héroïques aventuriers. Il avait avec lui le gracieux Hylas, à qui il enseignait, comme un père à son fils, toutes les choses qui l’avaient rendu lui-même illustre. Jamais il ne s’en séparait, ni quand l’aurore montait aux demeures de Zeus, ni à l’heure où les oiseaux gazouilleurs reviennent au nid, rappelés par leur mère qui bat des ailes sur la poutre enfumée.

Un soir, les navigateurs arrivèrent sur les bords de la Propontide et, descendant au rivage, préparèrent le repas du soir. Hylas prit un vase et alla chercher de l’eau pour le repas d’Hercule.


Bientôt il découvrit une source dans une vallée basse. Tout autour poussaient en abondance les plantes aquatiques, la bleue chélidoine et la verte adiante, l’abondant persil et le rampant agrostis. Et au milieu de l’eau dansaient des nymphes, nymphes sans sommeil, déesses terribles aux campagnards, Euneika, Malis, et Nikhéia qui a le printemps dans les yeux. Le jeune homme approchait le vase pour le plonger dans l’eau, quand les nymphes s’attachèrent toutes trois à sa main : car l’amour s’était emparé de leur tendre cœur à la vue de l’enfant argien. Il tomba dans l’eau noire, comme une étoile étincelante tombe du ciel dans la mer… et les nymphes, tenant sur leurs genoux le jeune homme en pleurs, cherchèrent à le consoler par de douces paroles.