Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant Hercule, inquiet de cette longue absence, prit son arc et sa massue. Trois fois il appela Hylas ; trois fois l’enfant l’entendit, mais sa voix arriva très faible du fond de l’eau, et, bien qu’il fût tout près, il paraissait très loin. Alors, semblable au lion chevelu qui a entendu le cri d’un faon, Hercule se mit à courir au milieu des ronces, et il parcourut une vaste étendue : Jason et son entreprise étaient bien loin de sa pensée.

Dans ce récit de Théocrite le principal personnage est manifestement Hercule. L’amour des nymphes pour Hylas est simplement indiqué, et une seule phrase, bien courte, laisse à peine soupçonner que le jeune homme ne reste pas insensible aux paroles consolatrices des déesses qui l’ont enlevé. Ce qui intéresse surtout Théocrite, c’est la violente affection d’Hercule pour son jeune compagnon ; c’est son désespoir, qui lui fait oublier Jason, la Grèce et la Toison d’or, c’est-à-dire l’amitié, la gloire, l’honneur, le devoir. Et l’on ne peut se tromper sur l’intention du poète ; car il déclare lui-même sans> ambages, dans l’introduction de son idylle, qu’Hercule est son héros et que son sujet est la passion d’Hercule :


Ce n’est pas pour nous seuls, ô Nicias, qu’Amour fut créé, comme nous le pensions, quel que soit le dieu qui l’ait engendré, et ce ne fut pas à nous mortels, qui ne verrons pas demain, que la beauté parut belle pour la première fois. Le fils d’Amphitryon, cet homme au cœur d’airain, qui affronta le lion sauvage, aima le gracieux Hylas aux longs cheveux bouclés.


C’est aussi Hercule qui est le principal personnage de l’épisode d’Hylas dans les Argonautiques d’Apollonius de