Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/345

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À Hylas il est permis de préférer quelques poèmes plus originaux encore parce qu’ils n’ont pas, à proprement parler, de sources. L’imitation de Théocrite y est tout indirecte, et cependant je ne sais si ce n’est pas dans ceux-ci que le bucoliaste syracusain eût le mieux reconnu la Sicile et les Siciliennes. C’est Thyoné et Glaucé,[1] deux poèmes symétriques, qui nous font voir, celui-là un jeune homme offrant en vain son amour à une nymphe chasseresse, fidèle suivante d’Artémis, et celui-ci une nymphe des eaux dont l’amour est repoussé par un jeune bouvier, épris seulement du silence des grands bois, adorateur passionné de Kybèle. C’est Klytie[2], où l’on assiste au désepoir d’un amant qui n’est pas aimé. C’est la Source[3], brillante variation sur un thème emprunté à André Chénier, qui lui-même le devait à Gessner ; pièce d’un accent tout antique, bien que le sujet en ait été fourni par des poètes modernes. C’est surtout Thestylis, Kléarista et Paysage[4], trois étonnantes visions de Sicile.

Thestylis, c’est la Sicile au déclin du jour, quand on entend


Le doux mugissement des grands bœufs fatigués
Qui s’arrêtent pour boire en traversant les gués ;


quand on voit, dans les sentiers pierreux menant à la mer, s’avancer vers l’étable


  1. Poèmes antiques, IX, X.
  2. Poèmes antiques, XV.
  3. Poèmes antiques, XVIII.
  4. Poèmes antiques, XXVIII, XXXIII, XXXI.