Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/363

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combat homérique, c’est le combat homérique. L’entreprise pouvait paraître bien ambitieuse de condenser en quatorze vers les caractères principaux des combats d’Homère ; mais le poète n’a-t-il pas vraiment tenu les promesses de son titre ?


De même qu’au soleil l’horrible essaim des mouches
Des taureaux égorgés couvre les cuirs velus,
Un tourbillon guerrier de peuples chevelus,
Hors des nefs, s’épaissit, plein de clameurs farouches.

Tout roule et se confond, souffle rauque des bouches,
Bruit des coups, les vivants et ceux qui ne sont plus,
Chars vides, étalons cabrés, flux et reflux
Des boucliers d’airain hérissés d’éclairs louches.

Les reptiles tordus au front, les yeux ardents,
L’aboyeuse Gorgô vole et grince des dents
Par la plaine où le sang exhale ses buées.

Zeus, sur le Pavé d’or, se lève, furieux,
Et voici que la troupe héroïque des Dieux
Bondit dans le combat du faîte des nuées.


C’est d’un passage du IVe chant de l’Iliade que Leconte de Lisle s’est probablement inspiré pour peindre le tumulte de la bataille :


Et quand ils se furent rencontrés, ils mêlèrent leurs boucliers, leurs piques et la force des hommes aux cuirasses d’airain ; et les boucliers bombés se heurtèrent, et un vaste tumulte retentit. Et on entendait les cris de victoire et les hurlements des hommes qui renversaient ou étaient renversés, et le sang inondait la terre[1].


  1. Traduction de Leconte de Lisle, édition in-8o, p. 71.