Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/365

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Latone, mère d’Apollon et d’Artémis, avait prescrit aux Thébaines de lui offrir de l’encens et des prières. Elles obéirent. Mais Niobé, leur reine, s’avança au milieu d’elles. — Quelle folie, leur dit-elle, de consacrer des autels à Latone, lorsque l’encens ne brûle pas encore en mon honneur ! — Elle se vante alors d’être fille de Tantale, qui seul s’assit à la table des dieux, d’avoir pour aïeul maternel Atlas, dont la tête supporte la voûte des cieux, et pour aïeul paternel Jupiter. Son mari est Amphion, qui, au son de la lyre, éleva les murs de Thèbes. Un peuple immense lui obéit. Mais ce qui fait surtout sa fierté, ce sont ses enfants : elle a sept fils et sept filles, elle aura bientôt sept gendres et sept belles-filles. Peut-on dès lors lui préférer Latone qui n’eut jamais que deux enfants ? Et comment les eut-elle ? Ne sait-on pas qu’elle erra dans le monde entier cherchant une terre qui voulût bien la recevoir au moment de sa délivrance, et qu’enfin elle émut de pitié l’île stérile et flottante de Délos ? Si Niobé perdait une partie de ses enfants, elle serait encore plus riche que Latone.

Émues par ce discours, les Thébaines arrachent les couronnes de leurs têtes et interrompent les sacrifices commencés. Mais Latone, indignée, demande à ses enfants, Apollon et Artémis, de venger l’injure faite à leur mère : on lui dispute, le titre de déesse, on veut renverser ses autels.

Apollon et Diane prennent aussitôt leurs flèches et descendent, enveloppés d’un nuage, vers la cité de Cadmus. Près des murs s’étendait une large plaine où les fils d’Am-