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Celui-ci demanda à ses propres fils de se sacrifier pour Çounaççépha ; ils refusèrent, et le père les maudit. Puis il indiqua à Çounaççépha une prière secrète que le jeune homme devait réciter après avoir été consacré : alors, Indra viendrait le délivrer.

Çounaççépha, tout joyeux, demanda qu’on hâtât le sacrifice. Il fut lié au poteau et récita le chant mystérieux. Indra, ravi par ce chant, vint le délivrer et accorda au roi ce qu’il demandait par ce sacrifice, c’est-à-dire la justice, la gloire et la plus haute fortune.

Tel est l’épisode de Çounaççépha, raconté assez sèchement au premier tome du Ramayana, dans des chapitres qui sont, à n’en point douter, une interpolation[1]. On comprend vite qu’il était possible d’en tirer un poème où fût condensé tout l’esprit du Ramayana.

Car l’histoire de Çounaççépha est, comme celle de Rama, l’histoire d’un fils sacrifié par son père. Dans l’une comme dans l’autre, l’âme du récit est le respect de la parole donnée : le roi Daçaratha afait un serment à une femme, et pour que ce serment soit tenu, Rama, Sita, Laksmana s’exilent, le roi lui-même meurt ; — le roi Ambarîsha a promis un sacrifice, et pour aider le roi à dégager la parole qu’il a donnée aux dieux, le richi vend son fils, le jeune homme marche au supplice.

  1. Chapitres 63 et 64, Çounaççépha vendu, Le sacrifice d’Ambârisha, traduction Fauche, t. I, p. 339-347. L’histoire de Çunaçépa est racontée aussi dans un des Brâhmanas ou commentaires des Védas, l’Airatêya, comme le constate M. Victor Henry, Les littératures de l’Inde, p. 47. Leconte de Lisle a connu cette légende par le Ramayana ; il le dit lui-même dans la Préface des Poèmes et Poésies.