Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/379

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Ce tableau de la vie des Pélasges et de l’invasion des Hellènes est probablement exact dans les grandes lignes, si l’on peut parler d’exactitude quand il s’agit de temps aussi reculés. Mais quelques-unes des hypothèses du poète peuvent être contestées. Il paraît admettre que les Pélasges et les Hellènes n’étaient pas de même race ; or, tout permet de supposer, au contraire, que les premiers comme les seconds appartenaient à la même famille et que ceux-ci en furent seulement un tronc plus vigoureux. Il fait des Pélasges une population très primitive ; or, on croit généralement qu’ils avaient déjà une certaine culture, et les murs cyclopéens sont encore là pour protester contre les termes méprisants dont il a qualifié leurs constructions. Il les fait massacrer par des envahisseurs venus en grande masse ; or, l’invasion des Hellènes se fit probablement peu à peu et sans doute ne fut pas toujours suivie de massacres.


C’est après l’établissement des Hellènes sur le sol de la Grèce que Khirôn place la guerre des Géants contre les Dieux. Ils naquirent, tout armés, de la Terre, et, aussitôt nés, ils tentèrent d’escalader les cieux : dressant l’Hémos sur l’Ossa, ces deux montagnes sur l’Athos, et sur toutes les trois le noir Péliôn, ils allaient briser l’Olympe éblouissant, vénéré des humains,


Si, changeant d’un seul coup la défaite mobile
Athènè n’eût percé Pallas d’un trait habile.


(De quel trait ? Leconte de Lisle ne nous le rappelle point,