Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/388

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forces de nos cœurs. Elle réclame des chants consolateurs et ses compagnes commencent les louanges de la déesse de la chasteté, Artémis. Mais elles ne songent pas que dans l’histoire de leurs Dieux partout surgissent les excitations à la volupté.

— Artémis, racontent-elles, se baignait ; Actéon l’aperçut et l’aima ; il fut changé en cerf et déchiré par la meute de la Déesse[1]. Ah ! les Dieux sont cruels ! leurs âmes sont toujours fermées aux douleurs des humains !

— Oui, reprend Hélène, les Dieux sont cruels ! — Et elle maudit Pallas qui la trahit. Elle renie tous ces funestes Dieux, ces Dieux sourds, qui la livrent en proie à son sort odieux, qui la poussent aux bras de l’impur adultère. En vain ses compagnes la conjurent-elles : son sort est prédit. Oh ! sans doute il est lourd, le poids que porte son cœur ; ils sont amers, les pleurs qui tombent de ses yeux ; mais les Dieux l’ont voulu. Eh bien ! elle ira jusqu’au bout de sa funeste route. Elle foulera du pied tout ce que l’homme et le ciel révèrent et quand viendra le terme de sa vie : voilà, dira-t-elle aux Dieux, votre exécrable ouvrage !

Paris ne tarde point à entendre l’appel qui lui est adressé. Il revient et emmène Hélène, pendant que Démodoce crie à tous les enfants de la Grèce de se lever pour venger la patrie outragée et de saisir de leur robuste main le glaive homicide.


On voit avec quelle originalité Leconte de Lisle a tiré


  1. Ovide, Métamorphoses, III, v. 143 et suiv.