Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/392

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sauf une dizaine qui remontent plus haut. Ils étaient chantés, aux derniers temps du paganisme, dans les mystères orphiques. La doctrine qui en fait le fond est le panthéisme des anciens mystères orphiques, compliqué et parfois dénaturé par des conceptions fort diverses, qui ont été empruntées aux philosophies des deux premiers siècles. Ni composition, d’ailleurs, ni style : ces hymnes ne sont que de énumérations de titres, terminées par des invocations.

Ces litanies, où l’art fait défaut, ont inspiré à Leconte de Lisle dix pièces, qui, pour l’harmonie, l’ampleur et la plasticité des vers, comptent parmi ses plus belles créations. Ce sont des hymnes aux Nymphes (Hymnes orphiques, traduction Leconte de Lisle, XLVIII), à Hèlios-Apollôn (Id., VII et XXXIII), à Sélènè (Id., VIII), à Artémis (Id. XXXV), à Aphrodité (Id., LII), à Nyx (Id., II), aux Néréides (Id., XXIII), à Adônis (Id., LIII), mais surtout l’Adônis de Bion), aux Érinnyes (Id., LXVI et LXVIII), à Pan (Id., X).

Les thèmes ont été fournis par les Hymnes orphiques, mais combien renouvelés !

Des pièces ont été refaites entièrement : ainsi, dans l’hymne à Sélènè, au lieu d’un chapelet de mots enfilés sans goût, ce sont maintenant des strophes harmonieuses et pittoresques où a passé toute la poésie des clairs de lune sur les sources et sur les mers helléniques.

Dans les pièces qui s’éloignent moins du modèle tout s’est vivifié et animé : tel mot intéressant a été péché dans la mer de paroles vaines où il était noyé ; telle phrase incolore s’est transformée en un tableau saisissant :