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de généralité et que l’héroïne représente, non plus l’âme du monde à un moment de l’histoire de la civilisation, mais l’âme humaine de tous les temps. Par moments, Leconte de Lisle semble nous donner dans son personnage le portrait de l’humanité entière, et nous la représenter comme assujettie au plus intolérable des supplices : celui de se sentir en proie à des passions irrésistibles dont elle n’est point responsable et d’entendre en même temps une voix non moins impérieuse qui les condamne. Par moments, Leconte de Lisle semble déclarer que la vie est mauvaise et qu’elle nous oblige à faire ce que nous désapprouvons, notre raison nous prescrivant, sous peine d’une honte irrémédiable, d’accomplir le devoir, et nos passions nous contraignant à le violer. Telle est du moins la force des invectives d’Hélène qu’on se demande si dans le sort de son héroïne le poète n’a pas voulu nous faire reconnaître toute destinée humaine.


HYMNES ORPHIQUES[1]


Leconte de Lisle avait imité les Hymnes orphiques dans un passage important de sa Niobé. Il les avait traduits en prose. À la fin de sa carrière, il en tira une belle guirlande de poèmes, les derniers qu’il ait publiés lui-même.

Les Hymnes orphiques, au nombre de quatre-vingt-huit (quatre-vingt-trois dans la traduction en prose de Leconte de Lisle) appartiennent au I er et au II e siècles de notre ère,


  1. Derniers Poèmes, IV.