Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dante dit d’un avare (chant XVII) : « Puis il tordit la bouche et tira sa langue comme un bœuf qui lèche ses naseaux. » Snorr voit les Avares


                               aux reins de maigreur écorchés,
Tels que des loups tirant des langues écarlates.


Dans l’Enfer de Dante, les Violents sont percés de flèches par les Centaures (ch. XII). Dans l’Enfer de Snorr, les Violents sont aussi frappés par d’autres Violents :


Maintenant, l’un s’endort ; l’autre en sursaut l’égorgé.


Dans l’Enfer de Snorr, « le Malin épuise ses supplices » pour ceux qui ont commis des sacrilèges, pour ceux qui ont déchiré la nappe de l’autel et bu dans le calice. Dans l’Enfer de Dante, un supplice terrible est infligé à un homme qui a volé les ornements sacrés dans la sacristie (ch. XXIV).


Comme Dante, Snorr voit en Enfer ceux qui ont vécu avant le christianisme. Mais Dante leur inflige, comme seul châtiment, « de vivre dans le désir sans espérance » (ch. IV). Snorr leur voit infliger un supplice analogue à celui que Dante réserve aux Luxurieux (ch. V) :


Je parvins dans un lieu muet de toute lumière, qui mugit comme la mer sous la tempête quand elle est battue par les vents. L’ouragan infernal, qui ne s’arrête jamais, entraine les esprits dans son tourbillon, et les tourmente en les roulant et en les entrechoquant.. J’appris que par ce tourment étaient punis les pécheurs charnels qui mettent la raison au-dessous du désir ; et comme dans un temps froid les étourneaux sont emportés par leurs ailes en troupes nombreuses et pressées, ainsi cette