Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doute, on peut dire encore que Viçvamitra prêche le plaisir de « se plonger dans l’Essence première » avec plus de précision, et surtout avec plus d’esprit, que n’en ont ensemble tous les anachorètes du Ramayana ; mais c’est bien au fond, cependant, la même doctrine, et on ne peut nier que dans le Ramayana cette doctrine ne soit fort souvent prêchée.


Ajoutons que Leconte de Lisle a mis dans son poème toute la couleur locale dont le narrateur de l’épisode de Çounaççépha vendu avait cru pouvoir se dispenser. Mais c’est le Ramayana qui a fourni les principaux éléments de cette couleur.

Voyez, par exemple, l’arrivée du roi :


Sur un grand éléphant qui fait trembler le sol,
Vêtu d’or, abrité d’un large parasol
D’où pendent en festons des guirlandes fleuries,
Le front ceint d’un bandeau chargé de pierreries,
Le vieux Maharadjah, roi des hommes, pareil
Au magnanime Indra debout dans le soleil,
Devant le seuil rustique où le Brahmane siège,
S’arrête, environné du belliqueux cortège.


Ainsi Rama s’en va au palais :


Monté sur le véhicule, éblouissant les yeux.de sa vive lumière, imitant le bruit des nuages par le son des roues et traîné par de magnifiques chevaux, pareils à de jeunes éléphants, Rama, flamboyant de sa beauté sans égale, s’avança, tel que Indra le bienheureux, assis dans un char, attelé de ses fauves coursiers.

Élevé sur le char opulent, dont le fracas égalait celui du tonnerre, Rama sortit de son palais, comme la lune sort des nuages blancs.