Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/54

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jumelles ? Le commentateur indigène dit simplement : les messagères d’Yama, et bien que le traducteur fasse observer qu’il ne peut rien en dire de plus, Leconte de Lisle, sans hésitation, a identifié ces messagères, qui sont pourtant des êtres féminins, avec les chiens de l’hymne aux Pitris.

Une ingénieuse contaminatio a ainsi produit ce beau poème, où des sentiments éternels, le regret des disparus, le respect pour l’œuvre de la nature utilisant dans de nouveaux êtres la matière qu’elle nous a prêtée, l’espoir d’une vie future pour une portion de nous-mêmes, l’amour ardent de la vie présente, sont rendus avec la couleur particulière dont les a revêtus l’imagination des plus anciens poètes indiens.

Peut-être cette couleur semble-t-elle à beaucoup de lecteurs trop intense, d’intelligence trop difficile. Peut-être estiment-ils qu’elle masque un peu le fond humain sur lequel elle est posée.

L’hymne à Sûryâ échappe à ces critiques.


Ici aussi, la couleur védique est intense, l’auteur ayant glané dans divers hymnes à Varouna, à Savitri, à Sûryâ, à l’Aurore, les expressions les plus magnifiques ou les plus significatives qu’il ait trouvées. Le titre de Roi est souvent donné par les poètes védiques à Varouna, celui de Roi du monde, quelquefois (Langlois, t. II, p. 381, v. 3). Si jamais ils ne l’appellent « ô guerrier », ils parlent du moins quelque part de sa cuirasse d’or éclatante (t. I, p. 43, v. 13). S’ils ne nomment pas le Soleil « source de l’être », ils disent, ce qui revient au même : « Savitri, qui porte tous