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les êtres » (t. I, p. 517, v. 1), « le Soleil, âme de tout ce qui existe » (t. I, p. 226, v. 1). S’ils ne prêtent pas à l’Aurore de belles mains, ils prêtent plusieurs fois au Soleil des mains d’or. Ils parlent volontiers des vaches au poil rouge qui amènent l’Aurore (t. I, p. 93, v. 1), des sept chevaux du Soleil (t. I, p. 95, v. 8-9). Ils comparent la course du Soleil à celle des oiseaux :


Ni ces oiseaux qui volent dans les airs, ni ces ondes qui coulent sans cesse, ni les vents conjurés ne peuvent égaler ta force, ta rapidité, ta véhémence (t. I, p. 40, v. 6).

Et aussitôt, tel que l’épervier, il s’élance et vole dans l’air (t. III, p. 123, v. 5).

À la vivacité de ce Dadhicràs, on dirait l’oiseau de proie qui frappe l’air de son aile empressée ; on dirait l’épervier qui plane dans le ciel (t. II, p. 183, v. 3).


Par cette accumulation en une même pièce de traits brillants, qui sont bien dans le Rig-Véda, mais qui y sont dispersés, — et le poète en a ajouté quelques-uns de nouveaux, — l’hymne à Sûryâ a pris une magnificence dont aucun hymne authentique n’offre l’équivalent.

Cette couleur védique n’en est pas moins aussitôt intelligible pour nous, parce que ces expressions et ces symboles sont clairs par eux-mêmes, parce que le poète s’est résolument séparé de ses modèles en un point essentiel : la composition. « À aucune époque, la littérature indienne ne s’est fort souciée de composer, moins encore à ses débuts. Une pièce qui ait un commencement, un milieu et une fin, quelque chose de comparable à la belle ordonnance classique, c’est dans les hymnes védiques une rare