Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exception, peut-être un heureux accident. La plupart semblent des séquences de stances rapportées au hasard… Les idées, les images se suivent sans enchaînement rigoureux ; il semble qu’un coup de baguette les évoque pour les faire aussitôt évanouir[1]. » Il n’y a, au contraire, rien de plus fortement composé que l’hymne de Leconte de Lisle à Sûryâ, rien dont l’ordonnance soit davantage dans le grand goût classique. Le poème est la description méthodique d’une journée du Soleil : après son sommeil, son lever ; puis sa course, enfin son coucher. Une prière au dieu sert de conclusion. Et, pour plus de clarté, un refrain, comme dans la Prière pour les morts, distingue les différentes parties du poème. Or, les refrains sont rares dans les hymnes védiques ; s’ils y apparaissent (t. I, p. 439), c’est pour revenir d’une façon peu régulière, et jamais ils ne servent à mettre plus d’ordre dans le discours.

Qu’est-ce donc, en définitive, que ce poème de Sûryâ ? C’est de la poésie védique concentrée et cependant adaptée aux esprits français. Un double effet est ainsi obtenu : celui de nous donner une impression d’exotisme plus forte que ne pourrait nous la donner un hymne authentique et celui de nous la donner sans nous rebuter.


LA VISION DE BRAHMA[2]

Entre les hymnes védiques, d’où Leconte de Lisle a tiré

deux poèmes, et le Bhagavata-Purana, d’où il en a tiré

  1. Henry, Les littératures de l’Inde, p. 27.
  2. Poèmes antiques, VII.