Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/63

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Aussitôt qu’il vit Bhagavat, Brahma se mit à chanter ses louanges : toute difficulté s’était évanouie alors pour lui ; il comprenait clairement que rien n’existe sauf Bhagavat, que ce qui semble exister en dehors de lui est une illusion, qui se dissipe, y compris la douleur, dès qu’on s’est réfugié dans le sein de Bhagavat :


Les craintes que font naître en nous nos parents, notre corps et nos biens, le chagrin, le désir, la détresse, la cupidité insatiable, la fausse notion, source de douleurs, qui nous fait dire : « Ceci est à moi », tous ces maux durent tant que le monde ne s’est pas réfugié à tes pieds qui donnent la sécurité[1].


Bhagavat, ayant reçu l’hommage de Brahma, prit à son tour la parole et, après divers propos un peu languissants, lui donna en quelques phrases incisives l’explication du monde :


Pratique et de nouvelles austérités et la science qui me prend pour objet ; à l’aide de ce double secours, ô Brahmâ, tu verras les mondes à découvert au dedans de ton cœur. Ensuite, livré à la dévotion et au recueillement, tu me verras dans ton âme et dans le monde où je suis étendu, et tu verras contenus en moi les mondes et les âmes[2].


Ceci dit, « le maître de la nature et de l’esprit » disparut, emportant « sa véritable forme ».

Ainsi est racontée par l’auteur du Bhagavata-Purana, dans deux chapitres intitulés : Brahma voit Bhagavat, Hymne

  1. B.-P., liv. III, ch. IX : Hymne de Brahma ; Burnouf, t. I, p. 359 et suiv.
  2. Même chapitre.