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de Brahma, la légende que Leconte de Lisle a racontée à son tour dans sa Vision de Brahma.


Divers emprunts à d’autres parties du vaste poème et des additions tout originales lui ont permis d’ajouter beaucoup à la splendeur et à la portée du récit indien.

Et d’abord, ayant enlevé à l’image de Bhagavat, telle qu’elle s’était montrée à Brahma, nombre de traits fades ou trop obscurs, il les a remplacés par des traits empruntés au récit d’autres personnages, admis eux aussi à l’honneur de voir le dieu. Ainsi, il a tiré deux belles strophes de la description que fait un certain Uddhava :


Il était noir et beau, exempt de toute souillure ; ses yeux d’un rouge foncé étaient calmes ; il était reconnaissable à ses quatre bras et à son vêtement de soie de couleur jaune.

Il avait placé sur sa cuisse gauche le lotus de son pied droit ; son dos s’appuyait contre le tronc d’un jeune Açvattha ; il avait renoncé au bonheur des sens, et reposait dans la plénitude de la perfection[1].


Il vit celui que nul n’a vu, l’Âme des âmes,…

Hâri, le réservoir des inertes délices,
Dont le beau corps nageait dans un rayonnement,
Qui méditait le monde, et croisait mollement
Comme deux palmiers d’or ses vénérables cuisses.

Un Açvata touffu l’abritait de ses palmes ;
Et, dans la bienheureuse et sainte Inaction,
Il se réjouissait de sa perfection,
Immobile, les yeux resplendissants, mais calmes.


  1. B.-P., liv. III, ch. IV, versets 7-8 ; Burnouf, t. I, p. 315.