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Le principe et la fin, erreur et vérité,
Abîme de néant et de réalité.


Et ainsi s’achève ce beau poème de Bhagavat, vaste et forte composition, où est condensée toute la substance du Bhagavata-Purana, ses légendes merveilleuses, produit de l’imagination populaire, sa conception du monde, produit de la pensée philosophique ; où l’on peut apprendre, aussi bien que dans le plus savant ouvrage de mythologie comparée, les différences des mythes grecs et des mythes indiens ; où l’on retrouve sans peine au fond des légendes dont les a enveloppés l’imagination indienne des idées et des sentiments communs à bien d’autres pays que l’Inde : l’idée de l’unité du monde, l’idée de la providence et le sentiment de la misère humaine, cet éternel excitateur de la méditation philosophique et du mysticisme religieux.


LA JOIE DE SIVA[1].


Dans la Vision de Bhrama et dans Bhagavat, Leconte de Lisle avait chanté Visnou, le dieu suprême d’une des deux grandes religions populaires de l’Inde ; il ne s’était occupé du dieu de la religion rivale, Siva, qu’en passant : il l’avait installé parmi les serviteurs de Visnou dans un coin de son paradis. Visnou devient au contraire un dieu de seconde classe dans la Joie de Siva, qui appartient au dernier recueil du poète.


  1. Derniers Poèmes, III.