Le principe et la fin, erreur et vérité,
Abîme de néant et de réalité.
Et ainsi s’achève ce beau poème de Bhagavat, vaste et
forte composition, où est condensée toute la substance du
Bhagavata-Purana, ses légendes merveilleuses, produit de
l’imagination populaire, sa conception du monde, produit
de la pensée philosophique ; où l’on peut apprendre, aussi
bien que dans le plus savant ouvrage de mythologie comparée, les différences des mythes grecs et des mythes
indiens ; où l’on retrouve sans peine au fond des légendes
dont les a enveloppés l’imagination indienne des idées
et des sentiments communs à bien d’autres pays que
l’Inde : l’idée de l’unité du monde, l’idée de la providence
et le sentiment de la misère humaine, cet éternel excitateur
de la méditation philosophique et du mysticisme religieux.
Dans la Vision de Bhrama et dans Bhagavat, Leconte de Lisle avait chanté Visnou, le dieu suprême d’une des deux grandes religions populaires de l’Inde ; il ne s’était occupé du dieu de la religion rivale, Siva, qu’en passant : il l’avait installé parmi les serviteurs de Visnou dans un coin de son paradis. Visnou devient au contraire un dieu de seconde classe dans la Joie de Siva, qui appartient au dernier recueil du poète.
- ↑ Derniers Poèmes, III.