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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/263

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a grant ost de Saines et de Thoringiens. A Kalle l’empereor, son oncle, envoia message ; s’amor et sa bone volenté requeroit, mès il ne la pooit avoir. Lors se douta moult[1], et cil qui ovec lui estoient, jeunes et oroisons firent, et chanterent lethanies, dont la gent l’empereor ne se fesoient se gaber non. I jouise fist faire de XXX homes pour savoir quel droit ses oncles avoit ou roiaume son pere. Li jouises des X homes fu par iaue boulant, et li jouises d’autres X par fers chaus, et li tierz jouises des autres X par iaue froide. Lors prierent tuit à Dieu que il vosist faire demonstrance se ses oncles devoit riens plus avoir ou roiaume par droit que ses peres li avoit lessié par raison de la partie qui de Lothaire, leur frere, leur estoit eschaue[2]. Après ceste proiere furent trové li XXX homes tuit sain et haitié ; par ce fu certains que il avoit droit et ses oncles tort. Lors passa outre le Rihm, il et sa gent, à un chastel qui a non Andremac[3]. Et quant li empereres sot ce, si commanda à l’abé Hildoin et à l’evesque Francone[4] que il emmenassent Richeut[5] l’empererriz à Haristalle ; son ost assembla et chevaucha seur le rivage du Rihm contre Loys son neveu. Mais toutes voies,

  1. Lors se douta moult, alors il craignit beaucoup.
  2. Latin « si per jus et drictum ille habere deberet portionem de regno quam pater suus illi dimist ex ea parte, quam cum fratre suo Carolo per consensum illius et per sacramentum accepit ». Voir, pour l’interprétation de cette phrase, Robert Parisot, op. cit., p. 400, n. 2.
  3. Andremac, auj. Andernach, Rhénanie, district de Coblentz, sur la rive gauche du Rhin.
  4. Hilduin était abbé de Saint-Bertin et Francon évêque de Liège.
  5. L’impératrice Richilde était enceinte, « Richildem imperatricem prægnantem ».