France ; mais ausi com l’en seut dire[1], il conçurent vent et ordirent toiles d’iraines[2]. A la parfin, asembla li rois grant parlement de ses barons à Compigne[3]. Quant il se fu à eus conseilliez, il assembla un ost si grant, en la contrée d’Amenois[4], que à paines en peust nus savoir le nombre. Li cuens qui sot que il venoit seur lui a si grant ost fu alevez[5] en son cuer ; son ost assembla d’autre part et vint contre son segneur à bataille, et jura par le braz de sa force que il se defendroit de lui. [6]Mais quant li rois fu issu et i ot son ost apareillié et ordené en conroi pour entrer en la terre le conte, il i ot si merveilleus ost et si grant, que il porprenoit tot le païs et covroient la face de la terre ausi come langoustes[7]. Quant li cuens et li Flamenc virent l’ost de France si grant et si fort[8], il orent mer-
- ↑ « En proverbes » (royal ms. 16 G VI, fol. 334) traduisant le latin : « in proverbio ».
- ↑ Iraines, araignées ; latin : « et telas aranee texuerunt » (Isaïe, chap. LIX, verset 5).
- ↑ C’est sans doute en 1185 qu’eut lieu cette assemblée de Compiègne. On voit en effet par ses lettres, entre le 21 avril et le 31 octobre de cette année, qu’il séjourna dans cette ville à une ou à plusieurs reprises entre ces dates (H.-F. Delaborde, Recueil des actes de Philippe-Auguste, t. I, p. 169 à 171, nos 139 à 141. Cf. A Cartellieri, Philipp II August König van Frankreich, t. I, p. 174-175).
- ↑ Latin : « Versus civitatem que Ambianis vocatur ».
- ↑ Alevez, relevé ; latin : « Exaltatum est cor ejus ».
- ↑ Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 27.
- ↑ Langoustes, sauterelles ; latin : « operuerunt faciem terre sicut locuste » (Judith, liv. II, verset 11).
- ↑ D’après Gilbert de Mons (Mon. Germ. hist., Scriptores, t. XXI, p. 547) l’armée de Philippe-Auguste aurait compris 2,000 chevaliers et 140,000 hommes, tant cavaliers que gens de pied, tandis que l’armée du comte de Flandre n’aurait eu que
