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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/156

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veilleusement grant paor. Li cuer dou pople et des hauz homes leur fondi dedenz les ventres, si que à poi que il ne tornoient tuit en fuies. Li cuens qui moult fu espoantez se conseilla à sa gent ; lors envoia ses messages au conte Tiebaut de Blois[1] qui estoit mareschaus et garde de l’ost roial, et Guillaume l’arcevesque de Rains[2], car à ces II avoit li rois charchié tote la cure dou roiaume come à ses oncles, et leur proia que il reportassent au roi tels paroles de par lui.

« Sire, l’indignation de ta hautece vuille cesser envers moi. Vien paisibles à nous et use de nostre servise si com il te plaist. La terre de Vermandois que tu demandes je te quit sanz autre proloignement et la te rens entierement et franchement, chastiaus, viles et bors, à toutes les apartenances. Et se il plaist à ta majesté et à ta hautece, je te requier que tu me doignes Saint Quentin et Perone, et que tu me faces tant de grâce que je les tiegne ma vie, et après mon decès, reviegnent à toi et à tes hoirs. »

[3]Quant li rois oï ce que li cuens li mandoit et que il s’umilioit si durement, il manda touz les prelaz et les barons qui là estoient venu pour l’orguel dou conte abatre et donter ; conseil leur demanda seur ce que li cuens requeroit, et il respondirent tuit ensemble, ausi

    400 chevaliers et environ 40,000 hommes, tant cavaliers que gens de pied. Sur l’exagération de tels chiffres pour l’armée de Philippe-Auguste, voir Édouard Audouin, Essai sur l’armée royale au temps de Philippe-Auguste. Paris, 1913, in-8o, p. 1-5.

  1. Thibaut V, dit le Bon, qui succéda à son père Thibaut IV le Grand en 1152 et mourut au siège d’Acre en 1191.
  2. Guillaume de Champagne, aux blanches mains.
  3. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 28.