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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/162

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trassent despens biaus et soufisanz de son propre tresor partout là où il vorroient aler.

Quant il sot la raison pour quoi il estoient venu, il fu esmeuz ausi come de pitié paternel pour le mesaise et pour le domage de la crestienté, et pour le peril de la sainte Terre. En poi de tens après, assembla concile general en la cité de Paris[1] de touz les prelaz et de toz les princes de son roiaume. Quant tuit furent assemblé, la besogne Nostre Segneur fu devant toz proposée ; lors commanda li rois à toz les prelaz que il retornassent en leur contrées et que chascuns feist sermoner des croiz en sa diocese, et amonestassent le pople par predications que il secoreussent la terre d’outre mer en remission de leur pechiez. En celui tens, governoit li rois le roiaume de France touz seus, car il n’avoit encor nul hoir de la noble roine YSabel, et por ceste raison, n’ot-il pas conseil que il se croisast pour le peril dou roiaume. Mais il prist chevaliers qui estoient esleu de grant proéce, et grant nombre de serjanz bien apareilliez ; outre mer les envoia pour le secors de la terre à ses propres despens[2].

  1. D’après Hefelé (Histoire des conciles, t. VII, p. 519), ce synode aurait été réuni au mois de janvier 1185.
  2. Voir, dans H.-F. Delaborde, Recueil des actes de Philippe-Auguste, t. I, p. 151, no 123, l’ordonnance rendue avant le 24 juin 1184 par Philippe-Auguste et Henri II, roi d’Angleterre, du commun conseil de leurs évêques et de leurs barons, sur les subsides à lever pour la Terre sainte pendant dix ans, à partir du 24 juin 1184. Cf. Labbe, Sacrosancta concilia, t. X, col. 1739, et Revue historique, t. LXXII, p. 334 ; t. LXXIII, p. 61, et surtout t. LXXVI, p. 329.