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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/164

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tel, qui avoit non Gus[1], vit le ferme propos le duc, et que il s’apareilloit en totes manieres dou chastel prendre, il envoia errant[2] messages au roi Phelippe et li manda par lettres toute sa besogne. Li mandemenez estoit tiex que il li prioit pour Dieu que il venist là, et il li rendroit le chastel et donroit perpetuement à lui et à ses hoirs. Quant li rois ot la lettre entendue, il fist ses oz assembler[3] et se hasta moult de venir là pour delivrer le soufreteus[4] des mains de plus fort de lui. Si soudainement se feri en l’ost le duc que il et sa gent fu ausi come seurpris. Atant fu li dux levez dou siege[5], qui avoit juré que il n’en partiroit si auroit le chastel pris. Lors fist li rois abatre les IIII barbacanes que li dux avoit entor fermées. Guions, li sires dou chastel, reçut le roi dedenz et li rendi à sa volenté, si com li avoit mandé. Li rois le reçut come li sien propre, garnison i mist de par lui ; si en acrut de tant son propre fié en ces parties.

En poi de tens après, icil Guions fist homage au roi

  1. Ce n’était pas Gui, mais son fils Hugues, qui possédait alors ce château, car Gui le lui avait cédé vers 1178 lors de son mariage avec Gille de Trainel (Ernest Petit, op. cit., t. III, p. 4). Ici Primat répète l’erreur de Rigord (éd. H.-F. Delaborde, p. 48 ; cf. Duchesne, op. cit., p. 102).
  2. Errant, immédiatement.
  3. Pour cette expédition, Philippe-Auguste se serait allié à Philippe, comte de Flandre (Annales Aquicinctinensis monasterii, dans Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XVIII, p. 559).
  4. Le soufreteus, l’indigent ; latin : « inopem ».
  5. C’est en 1186 que Hugues III fut obligé de lever le siège du château de Vergy, qu’il tenait assiégé depuis 1183 (Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XVIII, p. 251-252 ; cf. t. XVII, p. 357, note a).