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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/30

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Avec l’histoire de Philippe-Auguste, nous avons terminé ce qui forme la première partie des Grandes Chroniques. Les deux pièces de vers placées à la fin de ce règne dans le manuscrit de la bibliothèque Sainte-Geneviève sont bien le témoignage que cette œuvre, ce romanz, était achevée[1]. Composée pour servir de guide et d’enseignement aux successeurs de saint Louis[2], il ne semble pas qu’elle eût été faite avec le dessein de lui donner une suite et de retracer, après Philippe-Auguste[3], la vie de ses successeurs. Mais l’ouvrage de Primat fut sans doute trouvé si intéressant, l’histoire des différents règnes qu’il avait étudiés si bien présentée, dans une langue claire et généralement conforme aux textes qu’il traduisit, que nos rois de la fin du XIIIe siècle et du XIVe siècle eurent la pensée de le continuer. Un moine de Saint-Denis, Guillaume de Nangis, avait fait pour saint Louis et pour Philippe le Hardi le même travail que Rigord et Guillaume le Breton avaient accompli pour Philippe-Auguste ; son œuvre fut transcrite à la suite de la leur dans le manuscrit latin 5925 et, en même temps, un religieux de Saint-Denis la traduisit en français pour la joindre à la traduction des chroniqueurs antérieurs donnée par Primat. On peut dire qu’ainsi, à partir de la fin du XIIIe siècle, c’est-à-dire à partir de la mise à jour des Grandes Chroniques de Pri-

  1. « Tant a cis travallié qui Primaz est nomez
    Que il est, Dieu merci, parfaiz et consummez. »

  2. « L’on ne doit pas ce livre mesprisier ne despire
    Qui est faiz des bons princes dou regne et de l’empire ;
    Qui sovent i voudroit estudier et lire
    Bien puet savoir qu’il doit eschiver et elire. »

  3. Et peut-être saint Louis, car la vie de ce dernier ne fut ajoutée au manuscrit de Sainte-Geneviève qu’assez longtemps après l’achèvement de l’œuvre de Primat.