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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/38

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[1]Ne mains malaourousement ne ravint-il pas ou roiaume d’Angleterre. Car après le decès au roi Henri[2] qui si fu fiers hom et de grant renommée, qui devia[3] sanz hoir male, li cuens Estienes[4] de Bolones ses niés et freres le conte Thiebaut entra soudainement ou regne d’Angleterre, ne ainques ne se prit garde à ce que li cuens d’Angiers[5] avoit au à fame la file celi Henri[6] son oncle, et anfanz en avoit auz et avoit esté empererriz ; ainz parmi tot ce se fit coroner à roi d’Angleterre. Icete maniere de descorz qui sordi en la terre par l’anvie et l’ataine[7] des princes et des barons dou regne et por la malice des habitanz dou païs, ataint et empira si durement cele terre qui tant ot esté riche et habundanz, par roberies et par occisions, que plus dou tierz dou regne fu gastez et destruiz. Ices manieres de periuz et de machaances estoient granz solaz aus François, quant il veoient que les genz de ces II regnes sofroient ces maus et ces angoises par defaut de droit hoir, et il estoient en pais et en joie por ce que Diex lor avoit doné lignie et tel remanant de lor bon segnor.

  1. Historia gloriosi regis Ludovici, éd. A. Molinier, chap. III.
  2. Henri Ier mourut le 1er décembre 1135 au château de Saint-Denis de Forment, dans la forêt de Lions, et son corps fut transporté à l’abbaye de Reading en Angleterre.
  3. Devia, mourut.
  4. Étienne, comte de Mortain et de Boulogne, troisième fils d’Étienne, comte de Blois, et d’Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, fut roi d’Angleterre de 1135 au 25 octobre 1154, date de sa mort.
  5. Geoffroi Plantagenet.
  6. Geoffroi Plantagenet avait épousé Mathilde, fille du roi d’Angleterre Henri Ier et veuve de l’empereur Henri V.
  7. L’ataine, l’animosité.